Veinte mil leguas de viaje submarino

Vingt mille lieues sous les mers

   Capítulo 9

   IX

   Un continente desaparecido

   UN CONTINENT DISPARU

   Al día siguiente, 19 de febrero, por la mañana, vi entrar al canadiense en mi camarote. Esperaba yo su visita. Estaba visiblemente disgustado.

   Le lendemain matin, 19 février, je vis entrer le Canadien dans ma chambre. J'attendais sa visite. Il avait l'air très désappointé.

   -¿Y bien, señor? -me dijo.

   «Eh bien, monsieur? me dit-il.

   -Y bien, Ned, el azar se puso ayer contra nosotros.

-Sí. Este condenado capitán tuvo que detenerse precisamente a la hora en que íbamos a fugarnos.

   — Oui! il a fallu que ce damné capitaine s'arrêtât précisément à l'heure ou nous allions fuir son bateau.

   -Sí, Ned. Estuvo tratando un negocio con su banquero.

   — Oui, Ned, il avait affaire chez son banquier.

   -¿Su banquero?

   — Son banquier!

   -O más bien su casa de banca; quiero decir que su banquero es este océano que guarda sus riquezas con más seguridad que las cajas de un Estado.

   — Ou plutôt sa maison de banque. J'entends par là cet Océan où ses richesses sont plus en sûreté qu'elles ne le seraient dans les caisses d'un État.»

   Relaté entonces al canadiense los hechos de la víspera, y lo hice con la secreta esperanza de disuadirle de su idea de abandonar al capitán. Pero mi relato no tuvo otro resultado que el de llevarle a lamentar enérgicamente no haber podido hacer por su cuenta un paseo por el campo de batalla de Vigo.

   Je racontai alors au Canadien les incidents de la veille, dans le secret espoir de le ramener à l'idée de ne point abandonner le capitaine; mais mon récit n'eut d'autre résultat que le regret énergiquement exprimé par Ned de n'avoir pu faire pour son compte une promenade sur le champ de bataille de Vigo.

   -¡En fin! -suspiró-. No todo está perdido. No es más que un golpe de arpón en el vacío. Lo lograremos en otra ocasión, tal vez esta misma noche si es posible.

   «Enfin, dit-il, tout n'est pas fini! Ce n'est qu'un coup de harpon perdu! Une autre fois nous réussirons, et dès ce soir s'il le faut...

   -¿Cuál es la dirección del Nautilus? -le pregunté.

   — Quelle est la direction du Nautilus? demandai-je.

   -Lo ignoro -respondió Ned.

   — Je l'ignore, répondit Ned.

   -Bien, a mediodía lo sabremos.

   — Eh bien! à midi, nous verrons le point.»

   El canadiense volvió junto a Conseil. Por mi parte, una vez vestido, fui al salón. El compás no era muy tranquilizador. El Nautilus navegaba con rumbo Sur sudoeste. Nos alejábamos de Europa.

   Le Canadien retourna près de Conseil. Dès que je fus habillé, je passai dans le salon. Le compas n'était pas rassurant. La route du Nautilus était sud-sud-ouest. Nous tournions le dos à l'Europe.

   Esperé con impaciencia que se registrara la posición en la carta de marear. Hacia las once y media se vaciaron los depósitos y nuestro aparato emergió a la superficie. Me lancé hacia la plataforma, en la que me había precedido Ned Land.

   J'attendis avec une certaine impatience que le point fut reporté sur la carte. Vers onze heures et demie, les réservoirs se vidèrent, et notre appareil remonta à la surface de l'Océan. Je m'élançai vers la plate-forme. Ned Land m'y avait précédé.

   Ninguna tierra a la vista. Nada más que el mar inmenso. Algunas velas en el horizonte, de los barcos que van a buscar hasta el cabo San Roque los vientos favorables para doblar el cabo de Buena Esperanza. El cielo estaba cubierto, y se anunciaba un ventarrón.

   Plus de terres en vue. Rien que la mer immense. Quelques voiles à l'horizon, de celles sans doute qui vont chercher jusqu'au cap San-Roque les vents favorables pour doubler le cap de Bonne-Espérance. Le temps était couvert. Un coup de vent se préparait.

   Rabioso, Ned Land trataba de horadar con su mirada el horizonte brumoso, en la esperanza de que tras la niebla se extendiera la tierra deseada.

   Ned rageant, essayait de percer l'horizon brumeux. Il espérait encore que, derrière tout ce brouillard, s'étendait cette terre si désirée.

   A mediodía, el sol se asomó un instante. El segundo de a bordo aprovechó el claro para tomar la altitud. El oleaje nos obligó a descender, y se cerró la escotilla.

   A midi, le soleil se montra un instant. Le second profita de cette éclaircie pour prendre sa hauteur. Puis, la mer devenant plus houleuse, nous redescendîmes, et le panneau fut refermé.

   Una hora después, al consultar el mapa vi que la posición del Nautilus se hallaba indicada en él a 16º 17' de longitud y 33º 22' de latitud, a ciento cincuenta leguas de la costa más cercana. Inútil era pensar en la fuga, y puede imaginarse la cólera del canadiense cuando le notifiqué nuestra situación.

   Une heure après, lorsque je consultai la carte, je vis que la position du Nautilus était indiquée par 16°17' de longitude et 33°22' de latitude, à cent cinquante lieues de la côte la plus rapprochée. Il n'y avait pas moyen de songer à fuir, et je laisse à penser quelles furent les colères du Canadien, quand je lui fis connaître notre situation.

   En cuanto a mí, no me sentí muy desconsolado, sino, antes bien, aliviado del peso que me oprimía. Así pude reanudar, con una calma relativa, mi trabajo habitual.

   Pour mon compte, je ne me désolai pas outre mesure. Je me sentis comme soulagé du poids qui m'oppressait, et je pus reprendre avec une sorte de calme relatif mes travaux habituels.

   Por la noche, hacia las once, recibí la inesperada visita del capitán Nemo, quien me preguntó muy atentamente si me sentía fatigado por la velada de la noche anterior, a lo que le respondí negativamente.

   Le soir, vers onze heures, je reçus la visite très inattendue du capitaine Nemo. Il me demanda fort gracieusement si je me sentais fatigué d'avoir veillé la nuit précédente. Je répondis négativement.

   -Si es así, señor Aronnax, voy a proponerle una curiosa excursión.

   «Alors, monsieur Aronnax, je vous proposerai une curieuse excursion.

   -Le escucho, capitán.

   — Proposez, capitaine.

   -Hasta ahora no ha visitado usted los fondos submarinos más que de día y bajo la claridad del sol. ¿Le gustaría verlos en una noche oscura?

   — Vous n'avez encore visité les fonds sous-marins que le jour et sous la clarté du soleil. Vous conviendrait-il de les voir par une nuit obscure?

   -Naturalmente, capitán.

   — Très volontiers.

   -El paseo será duro, se lo advierto. Habrá que caminar durante largo tiempo y escalar una montaña. Los caminos no están en muy buen estado.

   — Cette promenade sera fatigante, je vous en préviens. Il faudra marcher longtemps et gravir une montagne. Les chemins ne sont pas très bien entretenus.

   -Lo que me dice, capitán, redobla mi curiosidad. Estoy dispuesto a seguirle.

   — Ce que vous me dites là, capitaine, redouble ma curiosité. Je suis prêt à vous suivre.

   -Venga entonces conmigo a ponerse la escafandra.

   — Venez donc, monsieur le professeur, nous allons revêtir nos scaphandres.»

   Llegado al vestuario, vi que ni mis compañeros ni ningún hombre de la tripulación debía seguirnos en esa excursión. El capitán Nemo no me había propuesto llevar con nosotros a Ned y a Conseil.

   Arrivé au vestiaire, je vis que ni mes compagnons ni aucun homme de l'équipage ne devait nous suivre pendant cette excursion. Le capitaine Nemo ne m'avait pas même proposé d'emmener Ned ou Conseil.

   En algunos instantes nos hallamos equipados, con los depósitos de aire a nuestras espaldas, pero sin lámparas eléctricas. Se lo hice observar al capitán, pero éste respondió:

   En quelques instants, nous eûmes revêtu nos appareils. On plaça sur notre dos les réservoirs abondamment chargés d'air, mais les lampes électriques n'étaient pas préparées. Je le fis observer au capitaine.

   -Nos serían inútiles.

   «Elles nous seraient inutiles», répondit-il.

   Creí haber oído mal, pero no pude insistir pues la cabeza del capitán había desaparecido ya en su envoltura metálica. Acabé de vestirme, y noté que me ponían en la mano un bastón con la punta de hierro. Algunos minutos después, tras la maniobra habitual, tocábamos pie en el fondo del Atlántico, a una profundidad de trescientos metros.

   Je crus avoir mal entendu, mais je ne pus réitérer mon observation, car la tête du capitaine avait déjà disparu dans son enveloppe métallique. J'achevai de me harnacher, je sentis qu'on me plaçait dans la main un bâton ferré, et quelques minutes plus tard, après la manoeuvre habituelle, nous prenions pied sur le fond de l'Atlantique, à une profondeur de trois cents mètres.

   Era casi medianoche. Las aguas estaban profundamente oscuras, pero el capitán Nemo me mostró a lo lejos un punto rojizo, una especie de resplandor que brillaba a unas dos millas del Nautilus. Lo que pudiera ser aquel fuego, así como las materias que lo alimentaban y la razón de que se revivificara en la masa líquida, era algo que escapaba por completo a mi comprensión. En todo caso, nos iluminaba, vagamente, es cierto, pero pronto me acostumbré a esas particulares tinieblas, y comprendí entonces la inutilidad en esas circunstancias de los aparatos Ruhmkorff.

   Minuit approchait. Les eaux étaient profondément obscures, mais le capitaine Nemo me montra dans le lointain un point rougeâtre, une sorte de large lueur, qui brillait à deux milles environ du Nautilus. Ce qu'était ce feu, quelles matières l'alimentaient, pourquoi et comment il se revivifiait dans la masse liquide, je n'aurais pu le dire. En tout cas, il nous éclairait, vaguement il est vrai, mais je m'accoutumai bientôt à ces ténèbres particulières, et je compris, dans cette circonstance, l'inutilité des appareils Ruhmkorff.

   El capitán Nemo y yo marchábamos uno junto al otro, directamente hacia el fuego señalado. El fondo llano ascendía insensiblemente. íbamos a largas zancadas, ayudándonos con los bastones, pero nuestra marcha era lenta, pues se nos hundían con frecuencia los pies en el fango entre algas y piedras lisas.

   Le capitaine Nemo et moi, nous marchions l'un près de l'autre, directement sur le feu signalé. Le sol plat montait insensiblement. Nous faisions de larges enjambées, nous aidant du bâton; mais notre marche était lente, en somme, car nos pieds s'enfonçaient souvent dans une sorte de vase pétrie avec des algues et semée de pierres plates.

   Oía, mientras avanzaba, una especie de crepitación por encima de mi cabeza, que redoblaba a veces de intensidad y producía como un continuo chapoteo. No tardé en comprender que era el efecto de la lluvia que caía violentamente sobre la superficie. Instintivamente me vino la idea de que iba a mojarme. ¡Por el agua, en medio del agua! No pude impedirme reír ante una idea tan barroca. Pero es que hay que decir que bajo el pesado ropaje y la escafandra no se siente el líquido elemento y uno se cree en medio de una atmósfera un poco más densa que la terrestre.

   Tout en avançant, j'entendais une sorte de grésillement au-dessus de ma tête. Ce bruit redoublait parfois et produisait comme un pétillement continu. J'en compris bientôt la cause. C'était la pluie qui tombait violemment en crépitant à la surface des flots. Instinctivement, la pensée me vint que j'allais être trempé! Par l'eau, au milieu de l'eau! Je ne pus m'empêcher de rire à cette idée baroque. Mais pour tout dire, sous l'épais habit du scaphandre, on ne sent plus le liquide élément, et l'on se croit au milieu d'une atmosphère un peu plus dense que l'atmosphère terrestre, voilà tout.

   Tras media hora de marcha, el suelo se hizo rocoso. Las medusas, los crustáceos microscópicos, las pennátulas lo iluminaban ligeramente con sus fosforescencias. Entreví montones de piedras que cubrían mifiones de zoófitos y matorrales de algas. Los pies resbalaban a menudo sobre el viscoso tapiz de algas y, sin mi bastón con punta de hierro, más de una vez me hubiera caído.

   Après une demi-heure de marche, le sol devint rocailleux. Les méduses, les crustacés microscopiques, les pennatules l'éclairaient légèrement de lueurs phosphorescentes. J'entrevoyais des monceaux de pierres que couvraient quelques millions de zoophytes et des fouillis d'algues. Le pied me glissait souvent sur ces visqueux tapis de varech, et sans mon bâton ferré, je serais tombé plus d'une fois. En me retournant, je voyais toujours le fanal blanchâtre du Nautilus qui commençait à pâlir dans l'éloignement.

   Cuando me volvía, veía el blanquecino fanal del Nautilus que comenzaba a palidecer en la lejanía. Las aglomeraciones de piedras de que acabo de hablar estaban dispuestas en el fondo oceánico según una cierta regularidad que no podía explicarme. Veía surcos gigantescos que se perdían en la lejana oscuridad y cuya longitud escapaba a toda evaluación. Habría otras particularidades de dificil interpretación. Me parecía que mis pesadas suelas de plomo iban aplastando un lecho de osamentas que producían secos chasquidos. ¿Qué era esa vasta llanura que íbamos recorriendo? Hubiera querido interrogar al capitán, pero su lenguaje de gestos que le permitía comunicarse con sus compañeros durante sus excursiones submarinas, me era todavía incomprensible.

   Ces amoncellements pierreux dont je viens de parler étaient disposés sur le fond océanique suivant une certaine régularité que je ne m'expliquais pas. J'apercevais de gigantesques sillons qui se perdaient dans l'obscurité lointaine et dont la longueur échappait à toute évaluation. D'autres particularités se présentaient aussi, que je ne savais admettre. Il me semblait que mes lourdes semelles de plomb écrasaient une litière d'ossements qui craquaient avec un bruit sec. Qu'était donc cette vaste plaine que je parcourais ainsi? J'aurais voulu interroger le capitaine, mais son langage par signes, qui lui permettait de causer avec ses compagnons, lorsqu'ils le suivaient dans ses excursions sous-marines, était encore incompréhensible pour moi.

   La rojiza claridad que nos guiaba iba aumentando e inflamaba el horizonte. Me intrigaba poderosamente la presencia de ese foco bajo las aguas. ¿Eran efluvios eléctricos lo que allí se manifestaba? ¿Me hallaba acaso ante un fenómeno natural aún desconocido para los sabios de la tierra? ¿O tal vez -pues reconozco que la idea atravesó mi cerebro -se debía aquella inflamación a la mano del hombre? ¿Era ésta la que atizaba el incendio? ¿Acaso iba a encontrar, bajo esas capas profundas, a companeros, amigos del capitán Nemo, protagonistas como él de esa extraña existencia, a los que éste iba a visitar? ¿Hallaría yo allí una colonia de exiliados que, cansados de las miserias de la tierra, habían buscado y hallado la independencia en lo más profundo del océano? Todas estas locas ideas, estas inadmisibles figuraciones, me asaltaban en tropel, y en esa disposición de ánimo, sobreexcitado sin cesar por la serie de maravillas que pasaban ante mis ojos, no hubiera encontrado sorprendente la existencia de una de esas ciudades submarinas que soñaba el capitán Nemo.

   Cependant, la clarté rougeâtre qui nous guidait, s'accroissait et enflammait l'horizon. La présence de ce foyer sous les eaux m'intriguait au plus haut degré. Était-ce quelque effluence électrique qui se manifestait? Allais-je vers un phénomène naturel encore inconnu des savants de la terre? Ou même — car cette pensée traversa mon cerveau — la main de l'homme intervenait-elle dans cet embrasement? Soufflait-elle cet incendie? Devais-je rencontrer sous ces couches profondes, des compagnons, des amis du capitaine Nemo, vivant comme lui de cette existence étrange, et auxquels il allait rendre visite? Trouverais-je là-bas toute une colonie d'exilés, qui, las des misères de la terre, avaient cherché et trouvé l'indépendance au plus profond de l'Océan? Toutes ces idées folles, inadmissibles, me poursuivaient, et dans cette disposition d'esprit, surexcité sans cesse par la série de merveilles qui passaient sous mes yeux, je n'aurais pas été surpris de rencontrer, au fond de cette mer, une de ces villes sous-marines que rêvait le capitaine Nemo!

   Nuestro camino estaba cada vez más iluminado. El blanquecino resplandor irradiaba de la cima de una montaña de unos ochocientos pies de altura. Pero lo que yo veía no era una simple reverberación desarrollada por las aguas cristalinas. El foco de esa inexplicable claridad se hallaba en la vertiente opuesta de la montaña.

   Notre route s'éclairait de plus en plus. La lueur blanchissante rayonnait au sommet d'une montagne haute de huit cents pieds environ. Mais ce que j'apercevais n'était qu'une simple réverbération développée par le cristal des couches d'eau. Le foyer, source de cette inexplicable darté, occupait le versant opposé de la montagne.

   En medio de los dédalos de piedras que surcaban el fondo del Atlántico, el capitán Nemo avanzaba sin vacilación. Conocía la oscura ruta. No cabía duda de que la había recorrido a menudo y que no temía perderse. Yo le seguía con una confianza inquebrantable. Me parecía ser uno de los genios del mar, y al verlo andar ante mí, admiraba su alta estatura que se recortaba en negro sobre el fondo luminoso del horizonte.

   Au milieu des dédales pierreux qui sillonnaient le fond de l'Atlantique, le capitaine Nemo s'avançait sans hésitation. Il connaissait cette sombre route. Il l'avait souvent parcourue, sans doute, et ne pouvait s'y perdre. Je le suivais avec une confiance inébranlable. Il m'apparaissait comme un des génies de la mer, et quand il marchait devant moi, j'admirais sa haute stature qui se découpait en noir sur le fond lumineux de l'horizon.

   Era ya la una de la madrugada. Habíamos llegado a las primeras rampas de la montaña. Pero para abordarlas había que aventurarse por los difíciles senderos de una vasta espesura.

   Il était une heure du matin. Nous étions arrivés aux premières rampes de la montagne. Mais pour les aborder, il fallut s'aventurer par les sentiers difficiles d'un vaste taillis.

   Sí, una espesura de árboles muertos, sin hojas, sin savia, árboles mineralizados por la acción del agua y de entre los que sobresalían aquí y allá algunos pinos gigantescos. Era como una hullera aún en pie, manteniéndose por sus raíces sobre el suelo hundido, y cuyos ramajes se dibujaban netamente sobre el techo de las aguas, a la manera de esas figuras recortadas en cartulina negra. Imagínese un bosque del Harz, agarrado a los flancos de una montaña, pero un bosque sumergido. Los senderos estaban llenos de algas y de fucos, entre los que pululaba un mundo de crustáceos. Yo iba escalando las rocas, saltando por encima de los troncos abatidos, rompiendo las lianas marinas que se balanceaban de un árbol a otro, y espantando a los peces que volaban de rama en rama. Excitado, no sentía la fatiga, y seguía a mi guía incansable.

   Oui! un taillis d'arbres morts, sans feuilles, sans sève, arbres minéralisés sous l'action des eaux, et que dominaient çà et là des pins gigantesques. C'était comme une houillère encore debout, tenant par ses racines au sol effondré, et dont la ramure, à la manière des fines découpures de papier noir, se dessinait nettement sur le plafond des eaux. Que l'on se figure une forêt du Hartz, accrochée aux flancs d'une montagne, mais une forêt engloutie. Les sentiers étaient encombrés d'algues et de fucus, entre lesquels grouillait un monde de crustacés. J'allais, gravissant les rocs, enjambant les troncs étendus, brisant les lianes de mer qui se balançaient d'un arbre à l'autre, effarouchant les poissons qui volaient de branche en branche. Entraîné, je ne sentais plus la fatigue. Je suivais mon guide qui ne se fatiguait pas.

   ¡Qué espectáculo tan indescriptible! ¡Cómo decir el aspecto de esos árboles y de esas rocas en ese medio líquido, el de sus fondos tenebrosos y el de sus cimas coloreadas de tonos rojizos bajo la claridad que difundía la potencia reverberante de las aguas! Escalábamos rocas que se venían en seguida abajo con el sordo fragor de un alud. A derecha e izquierda se abrían tenebrosas galerías por las que se perdía la mirada. De vez en cuando se abrían vastos calveros que parecían practicados por la mano del hombre, y yo me preguntaba a veces si no iba a aparecerse de repente algún habitante de esas regiones submarinas.

   Quel spectacle! Comment le rendre? Comment peindre l'aspect de ces bois et de ces rochers dans ce milieu liquide, leurs dessous sombres et farouches, leurs dessus colorés de tons rouges sous cette clarté que doublait la puissance réverbérante des eaux? Nous gravissions des rocs qui s'éboulaient ensuite par pans énormes avec un sourd grondement d'avalanche. A droite, à gauche, se creusaient de ténébreuses galeries où se perdait le regard. Ici s'ouvraient de vastes clairières, que la main de l'homme semblait avoir dégagées, et je me demandais parfois si quelque habitant de ces régions sous-marines n'allait pas tout à coup m'apparaître.

   El capitán Nemo continuaba ascendiendo y yo le seguía audazmente, no queriendo quedarme rezagado. Mi bastón me prestaba un útil concurso, pues un solo paso en falso hubiese sido tremendamente peligroso en aquellos estrechos pasos tallados en los flancos de los abismos. Marchaba yo con pie firme, sin sentir la embriaguez del vértigo. Unas veces saltaba una grieta cuya profundidad me hubiese hecho retroceder en medio de los glaciares de la tierra, y otras me aventuraba sobre el tronco vacilante de los árboles tendidos como puentes sobre los abismos, sin mirar bajo mis pies, por no tener ojos más que para admirar los lugares salvajes de la región. Algunas rocas monumentales, inclinadas sobre sus bases irregularmente recortadas, parecían desafiar las leyes del equilibrio. Entre sus rodillas de piedra, crecían árboles como surtidores sometidos a una formidable presión, que sostenían a los que les soportaban a su vez. Torres naturales, amplios cortes tallados a pico, como cortinas, se inclinaban bajo un ángulo que las leyes de la gravitación no habrían autorizado en la superficie de las regiones terrestres.

   Mais le capitaine Nemo montait toujours. Je ne voulais pas rester en arrière. Je le suivais hardiment. Mon bâton me prêtait un utile secours. Un faux pas eût été dangereux sur ces étroites passes évidées aux flancs des gouffres; mais j'y marchais d'un pied ferme et sans ressentir l'ivresse du vertige. Tantôt je sautais une crevasse dont la profondeur m'eût fait reculer au milieu des glaciers de la terre; tantôt je m'aventurais sur le tronc vacillant des arbres jetés d'un abîme à l'autre, sans regarder sous mes pieds, n'ayant des yeux que pour admirer les sites sauvages de cette région. Là, des rocs monumentaux, penchant sur leurs bases irrégulièrement découpées, semblaient défier les lois de l'équilibre. Entre leurs genoux de pierre, des arbres poussaient comme un jet sous une pression formidable, et soutenaient ceux qui les soutenaient eux-mêmes. Puis, des tours naturelles, de larges pans taillés à pic comme des courtines, s'inclinaient sous un angle que les lois de la gravitation n'eussent pas autorisé à la surface des régions terrestres.

   Yo mismo no sentía esa diferencia debida a la poderosa densidad del agua, cuando, pese a mis pesados ropajes, mi esfera de cobre y mis suelas metálicas, me elevaba sobre pendientes de una elevación impracticable, que iba franqueando, por así decirlo, con la ligereza de una gamuza.

   Et moi-même ne sentais-je pas cette différence due à la puissante densité de l'eau, quand, malgré mes lourds vêtements, ma tête de cuivre, mes semelles de métal, je m'élevais sur des pentes d'une impraticable raideur, les franchissant pour ainsi dire avec la légèreté d'un isard ou d'un chamois!

   Bien sé que no podré ser verosímil con este relato de excursión bajo el agua. Yo soy el historiador de las cosas de apariencia imposible, que sin embargo son reales, incontestables. No he soñado. He visto y sentido.

   Au récit que je fais de cette excursion sous les eaux, je sens bien que je ne pourrai être vraisemblable! Je suis l'historien des choses d'apparence impossible qui sont pourtant réelles, incontestables. Je n'ai point rêvé. J'ai vu et senti!

   A las dos horas de nuestra partida del Nautilus habíamos atravesado la línea de árboles, y ya, a cien pies por encima de nuestras cabezas, se erguía el pico de la montaña cuya proyección trazaba su sombra sobre la brillante irradiación de la vertiente opuesta. Algunos arbustos petrificados corrían aquí y allá en ondulantes zigzags. Los peces se levantaban en masa bajo nuestros pasos como pájaros sorprendidos en las altas hierbas. La masa rocosa estaba torturada por impenetrables anfractuosidades, profundas grutas, insondables agujeros en cuyos fondos oía yo removerse cosas formidables. La sangre me asaltaba a torrentes el corazón cuando veía una antena enorme cerrarme la ruta o cuando alguna pinza espantosa se cerraba ruidosamente en la sombra de las cavidades. Millares de puntos luminosos acribillaban las tinieblas. Eran los ojos de crustáceos gigantescos, agazapados en sus guaridas, de enormes bogavantes erguidos como alabarderos haciendo resonar sus patas con un estrépito de chatarra, titánicos cangrejos apuntados como cañones sobre sus cureñas, y pulpos espantosos entrelazando sus tentáculos como un matorral vivo de serpientes.

   Deux heures après avoir quitté le Nautilus, nous avions franchi la ligne des arbres, et à cent pieds au-dessus de nos têtes se dressait le pic de la montagne dont la projection faisait ombre sur l'éclatante irradiation du versant opposé. Quelques arbrisseaux pétrifiés couraient çà et là en zigzags grimaçants. Les poissons se levaient en masse sous nos pas comme des oiseaux surpris dans les hautes herbes. La masse rocheuse était creusée d'impénétrables anfractuosités, de grottes profondes, d'insondables trous, au fond desquels j'entendais remuer des choses formidables. Le sang me refluait jusqu'au coeur, quand j'apercevais une antenne énorme qui me barrait la route, ou quelque pince effrayante se refermant avec bruit dans l'ombre des cavités! Des milliers de points lumineux brillaient au milieu des ténèbres. C'étaient les yeux de crustacés gigantesques, tapis dans leur tanière, des homards géants se redressant comme des hallebardiers et remuant leurs pattes avec un cliquetis de ferraille, des crabes titanesques, braqués comme des canons sur leurs affûts, et des poulpes effroyables entrelaçant leurs tentacules comme une broussaille vivante de serpents.

   ¿Qué mundo exorbitante era ese que yo no conocía aún? ¿A qué orden pertenecían esos articulados a los que las rocas daban un segundo caparazón? ¿Dónde había hallado la naturaleza el secreto de su existencia vegetativa, y desde cuántos siglos venían viviendo así en las últimas capas del océano?

   Quel était ce monde exorbitant que je ne connaissais pas encore? A quel ordre appartenaient ces articulés auxquels le roc formait comme une seconde carapace? Où la nature avait-elle trouvé le secret de leur existence végétative, et depuis combien de siècles vivaient-ils ainsi dans les dernières couches de l'Océan?

   Pero no podía yo detenerme. Familiarizado con esos terribles animales, el capitán Nemo no paraba su atención en ellos. Habíamos llegado a una primera meseta, en la que me esperaban otras sorpresas. La de unas ruinas pintorescas que traicionaban la mano del hombre y no la del Creador. Eran vastas aglomeraciones de piedras entre las que se distinguían vagas formas de castillos, de templos revestidos de un mundo de zoófitos en flor y a los que en vez de hiedra las algas y los fucos revestían de un espeso manto vegetal.

   Mais je ne pouvais m'arrêter. Le capitaine Nemo, familiarisé avec ces terribles animaux, n'y prenait plus garde. Nous étions arrivés à un premier plateau, ou d'autres surprises m'attendaient encore. Là se dessinaient de pittoresques ruines, qui trahissaient la main de l'homme, et non plus celle du Créateur. C'étaient de vastes amoncellements de pierres où l'on distinguait de vagues formes de châteaux, de temples, revêtus d'un monde de zoophytes en fleurs, et auxquels, au lieu de lierre, les algues et les fucus faisaient un épais manteau végétal.

   Pero ¿qué era esta porción del mundo sumergida por los cataclismos? ¿Quién había dispuesto esas rocas y esas piedras como dólmenes de los tiempos antehistóricos? ¿Dónde estaba, adónde me había llevado la fantasía del capitán Nemo?

   Mais qu'était donc cette portion du globe engloutie par les cataclysmes? Qui avait disposé ces roches et ces pierres comme des dolmens des temps anté-historiques? Où étais-je, où m'avait entraîné la fantaisie du capitaine Nemo?

   Hubiera querido interrogarle. No pudiendo hacerlo, le detuve, agarrándole del brazo. Pero él, moviendo la cabeza, y mostrándome la última cima de la montaña, pareció decirme:

   J'aurais voulu l'interroger. Ne le pouvant, je l'arrêtai. Je saisis son bras. Mais lui, secouant la tête, et me montrant le dernier sommet de la montagne, sembla me dire:

   «Ven, sigue, continúa».

   «Viens! viens encore! viens toujours!»

   Le seguí, tomando nuevo impulso, y en algunos minutos acabé de escalar el pico que dominaba en una decena de metros toda esa masa rocosa.

   Je le suivis dans un dernier élan, et en quelques minutes, j'eus gravi le pic qui dominait d'une dizaine de mètres toute cette masse rocheuse.

   Miré la pendiente que acabábamos de escalar. Por esa parte, la montaña no se elevaba más que de setecientos a ochocientos pies por encima de la llanura, pero por la vertiente opuesta dominaba desde una altura doble el fondo de esa porción del Atlántico. Mi mirada se extendía a lo lejos y abarcaba un vasto espacio iluminado por una violenta fulguración. En efecto, era un volcán aquella montaña. A cincuenta pies por debajo del pico, en medio de una lluvia de piedras y de escorias, un ancho cráter vomitaba torrentes de lava que se dispersaban en cascada de fuego en el seno de la masa líquida. Así situado, el volcán, como una inmensa antorcha, iluminaba la llanura inferior hasta los últimos límites del horizonte.

   Je regardai ce côté que nous venions de franchir. La montagne ne s'élevait que de sept à huit cents pieds au-dessus de la plaine; mais de son versant opposé, elle dominait d'une hauteur double le fond en contre bas de cette portion de l'Atlantique. Mes regards s'étendaient au loin et embrassaient un vaste espace éclairé par une fulguration violente. En effet, c'était un volcan que cette montagne. A cinquante pieds au-dessous du pic, au milieu d'une pluie de pierres et de scories, un large cratère vomissait des torrents de lave, qui se dispersaient en cascade de feu au sein de la masse liquide. Ainsi posé, ce volcan, comme un immense flambeau, éclairait la plaine inférieure jusqu'aux dernières limites de l'horizon.

   He dicho que el cráter submarino escupía lavas, no llamas. Las llamas necesitan del oxígeno del aire y no podrían producirse bajo el agua, pero los torrentes de lava incandescentes pueden llegar al rojo blanco, luchar victoriosamente contra el elemento líquido y vaporizarse a su contacto. Rápidas corrientes arrastraban a los gases en difusión y los torrentes de lava corrían hasta la base de la montaña como las deyecciones del Vesubio sobre otra Torre del Greco.

   J'ai dit que le cratère sous-marin rejetait des laves, mais non des flammes. Il faut aux flammes l'oxygène de l'air, et elles ne sauraient se développer sous les eaux; mais des coulées de lave, qui ont en elles le principe de leur incandescence, peuvent se porter au rouge blanc, lutter victorieusement contre l'élément liquide et se vaporiser à son contact. De rapides courants entraînaient tous ces gaz en diffusion, et les torrents laviques glissaient jusqu'au bas de la montagne, comme les déjections du Vésuve sur un autre Torre del Greco.

   Allí, bajo mis ojos, abismada y en ruinas, aparecía una ciudad destruida, con sus tejados derruidos, sus templos abatidos, sus arcos dislocados, sus columnas yacentes en tierra. En esas ruinas se adivinaban aún las sólidas proporciones de una especie de arquitectura toscana. Más lejos, se veían los restos de un gigantesco acueducto; en otro lugar, la achatada elevación de una acrópolis, con las formas flotantes de un Partenón; allá, los vestigios de un malecón que en otro tiempo debió abrigar en el puerto situado a orillas de un océano desaparecido los barcos mercantes y los trirremes de guerra; más allá, largos alineamientos de murallas derruidas, anchas calles desiertas, toda una Pompeya hundida bajo las aguas, que el capitán Nemo resucitaba a mi mirada.

   En effet, là, sous mes yeux, ruinée, abîmée, jetée bas, apparaissait une ville détruite, ses toits effondrés, ses temples abattus, ses arcs disloqués, ses colonnes gisant à terre, où l'on sentait encore les solides proportions d'une sorte d'architecture toscane; plus loin, quelques restes d'un gigantesque aqueduc; ici l'exhaussement empâté d'une acropole, avec les formes flottantes d'un Parthénon; là, des vestiges de quai, comme si quelque antique port eût abrité jadis sur les bords d'un océan disparu les vaisseaux marchands et les trirèmes de guerre; plus loin encore, de longues lignes de murailles écroulées, de larges rues désertes, toute une Pompéi enfouie sous les eaux, que le capitaine Nemo ressuscitait à mes regards!

   ¿Dónde estaba? ¿Dónde estaba? Quería saberlo a toda costa, quería hablar, quería arrancarme la esfera de cobre que aprisionaba mi cabeza.

   Où étais-je? Où étais-je? Je voulais le savoir à tout prix, je voulais parler, je voulais arracher la sphère de cuivre qui emprisonnait ma tête.

   Pero el capitán Nemo vino hacia mí y me contuvo con un gesto. Luego, recogiendo un trozo de piedra pizarrosa, se dirigió a una roca de basalto negro y en ella trazó esta única palabra:

   Mais le capitaine Nemo vint à moi et m'arrêta d'un geste. Puis, ramassant un morceau de pierre crayeuse, il s'avança vers un roc de basalte noire et traça ce seul mot:

   ATLANTIDA

   ATLANTIDE

   ¡Qué relámpago atravesó mi mente! ¡La Atlántida! ¡La antigua Merópide de Teopompo, la Atlántida de Platón, ese continente negado por Orígenes, Porfirio, Jámblico, D'Anville, Malte Brun, Humboldt, para quienes su desaparición era un relato legendario, y admitido por Posidonio, Plinio, Ammien Marcellin, Tertuliano, Engel, Sherer, Tournefort, Buffon y D'Avezac, lo tenía yo ante mis ojos, con el irrecusable testimonio de la catástrofe. Ésa era, pues, la desaparecida región que existía fuera de Europa, del Asia, de Libia, más allá de las columnas de Hércules. Allí era donde vivía ese pueblo poderoso de los atlantes contra el que la antigua Grecia libró sus primeras guerras.

Fue el mismo Platón el historiador que consignó en sus escritos las hazañas de aquellos tiempos heroicos. Su diálogo de Timeo y Critias fue, por así decirlo, trazado bajo la inspiración de Solón, poeta y legislador.

   Quel éclair traversa mon esprit! L'Atlantide, l'ancienne Méropide de Théopompe, l'Atlantide de Platon, ce continent nié par Origène, Porphyre, Jamblique, D'Anville, Malte-Brun, Humboldt, qui mettaient sa disparition au compte des récits légendaires, admis par Possidonius, Pline, Ammien-Marcellin, Tertullien, Engel, Sherer, Tournefort, Buffon, d'Avezac, je l'avais là sous les yeux, portant encore les irrécusables témoignages de sa catastrophe! C'était donc cette région engloutie qui existait en dehors de l'Europe, de l'Asie, de la Libye, au-delà des colonnes d'Hercule, où vivait ce peuple puissant des Atlantes, contre lequel se firent les premières guerres de l'ancienne Grèce!

L'historien qui a consigné dans ses écrits les hauts faits de ces temps héroïques, c'est Platon lui-même. Son dialogue de Timée et de Critias a été, pour ainsi dire, tracé sous l'inspiration de Solon, poète et législateur.

   Un día, Solón tuvo una conversación con algunos sabios ancianos de Sais, ciudad cuya antigüedad se remontaba a más de ochocientos años, como lo testimoniaban sus anales grabados sobre los muros sagrados de sus templos. Uno de aquellos ancianos contó la historia de otra ciudad con miles de años de antigüedad. Esa primera ciudad ateniense, de novecientos siglos de edad, había sido invadida y destruida en parte por los atlantes, pueblo que, decía él, ocupaba un continente más grande que África y Asia juntas, con una superficie comprendida entre los doce y cuarenta grados de latitud norte. Su dominio se extendía hasta Egipto, y quisieron imponérselo también a Grecia, pero debieron retirarse ante la indomable resistencia de los helenos. Pasaron los siglos, hasta que se produjo un cataclismo acompañado de inundaciones y de temblores de tierra. Un día y una noche bastaron para la aniquilación de esa Atlántida, cuyas más altas cimas, Madeira, las Azores, las Canarias y las islas del Cabo Verde emergen aún.

   Un jour, Solon s'entretenait avec quelques sages vieillards de Saïs, ville déjà vieille de huit cents ans, ainsi que le témoignaient ses annales gravées sur le mur sacré de ses temples. L'un de ces vieillards raconta l'histoire d'une autre ville plus ancienne de mille ans. Cette première cité athénienne, âgée de neuf cents siècles, avait été envahie et en partie détruite par les Atlantes. Ces Atlantes, disait-il, occupaient un continent immense plus grand que l'Afrique et l'Asie réunies, qui couvrait une surface comprise du douzième degré de latitude au quarantième degré nord. Leur domination s'étendait même à l'Égypte. Ils voulurent l'imposer jusqu'en Grèce, mais ils durent se retirer devant l'indomptable résistance des Hellènes. Des siècles s'écoulèrent. Un cataclysme se produisit, inondations, tremblements de terre. Une nuit et un jour suffirent à l'anéantissement de cette Atlantide dont les plus hauts sommets, Madère, les Açores, les Canaries, les îles du cap Vert, émergent encore.

   Tales eran los recuerdos históricos que la inscripción del capitán Nemo había despertado en mí. Así, pues, conducido por el más extraño destino, estaba yo pisando una de las montañas de aquel continente. Mi mano tocaba ruinas mil veces seculares y contemporáneas de las épocas geológicas. Mis pasos se inscribían sobre los que habían dado los contemporáneos del primer hombre. Mis pesadas suelas aplastaban los esqueletos de los animales de los tiempos fabulosos, a los que esos árboles, ahora mineralizados, cubrían con su sombra.

   Tels étaient ces souvenirs historiques que l'inscription du capitaine Nemo faisait palpiter dans mon esprit. Ainsi donc, conduit par la plus étrange destinée, je foulais du pied l'une des montagnes de ce continent! Je touchais de la main ces ruines mille fois séculaires et contemporaines des époques géologiques! Je marchais là même où avaient marché les contemporains du premier homme! J'écrasais sous mes lourdes semelles ces squelettes d'animaux des temps fabuleux, que ces arbres, maintenant minéralisés, couvraient autrefois de leur ombre!

   ¡Ah! ¡Cómo sentí que me faltara el tiempo para descender, como hubiera querido, las pendientes abruptas de la montaña y recorrer completamente ese continente inmenso que, sin duda, debió unir África y América, y visitar sus ciudades antediluvianas! Allí se extendían tal vez Majimos, la guerrera, y Eusebes, la piadosa, cuyos gigantescos habitantes vivían siglos enteros y a los que no faltaban las fuerzas para amontonar esos bloques que resistían aún a la acción de las aguas. Tal vez, un día, un fenómeno eruptivo devuelva a la superficie de las olas esas ruinas sumergidas. Numerosos volcanes han sido señalados en esa zona del océano, y son muchos los navíos que han sentido extraordinarias sacudidas al pasar sobre esos fondos atormentados. Unos han oído sordos ruidos que anunciaban la lucha profunda de los elementos y otros han recogido cenizas volcánicas proyectadas fuera del mar. Todo ese suelo, hasta el ecuador, está aún trabajado por las fuerzas plutónicas. Y quién sabe si, en una época lejana, no aparecerán en la superficie del Atlántico cimas de montañas ignívomas formadas por las deyecciones volcánicas y por capas sucesivas de lava.

   Ah! pourquoi le temps me manquait-il! J'aurais voulu descendre les pentes abruptes de cette montagne, parcourir en entier ce continent immense qui sans doute reliait l'Afrique à l'Amérique, et visiter ces grandes cités antédiluviennes. Là, peut-être, sous mes regards, s'étendaient Makhimos, la guerrière, Eusebès, la pieuse, dont les gigantesques habitants vivaient des siècles entiers, et auxquels la force ne manquait pas pour entasser ces blocs qui résistaient encore à l'action des eaux. Un jour peut-être, quelque phénomène éruptif les ramènera à la surface des flots, ces ruines englouties! On a signalé de nombreux volcans sous-marins dans cette portion de l'Océan, et bien des navires ont senti des secousses extraordinaires en passant sur ces fonds tourmentés. Les uns ont entendu des bruits sourds qui annonçaient la lutte profonde des éléments; les autres ont recueilli des cendres volcaniques projetées hors de la mer. Tout ce sol jusqu'à l'Équateur est encore travaillé par les forces plutoniennes. Et qui sait si, dans une époque éloignée, accrus par les déjections volcaniques et par les couches successives de laves, des sommets de montagnes ignivomes n'apparaîtront pas à la surface de l'Atlantique!

   Mientras así soñaba yo, a la vez que trataba de fijar en mi memoria todos los detalles del grandioso paisaje, el capitán Nemo, acodado en una estela musgosa, permanecía inmóvil y como petrificado en un éxtasis mudo. ¿Pensaba acaso en aquellas generaciones desaparecidas y las interrogaba sobre el misterio del destino humano? ¿Era ése el lugar al que ese hombre extraño acudía a sumergirse en los recuerdos de la historia y a revivir la vida antigua, él que rechazaba la vida moderna? ¡Qué no hubiera dado yo por conocer sus pensamientos, por compartirlos, por comprenderlos!

   Pendant que je rêvais ainsi, tandis que je cherchais à fixer dans mon souvenir tous les détails de ce paysage grandiose, le capitaine Nemo, accoudé sur une stèle moussue, demeurait immobile et comme pétrifié dans une muette extase. Songeait-il à ces générations disparues et leur demandait-il le secret de la destinée humaine? Était-ce à cette place que cet homme étrange venait se retremper dans les souvenirs de l'histoire, et revivre de cette vie antique, lui qui ne voulait pas de la vie moderne? Que n'aurais-je donné pour connaître ses pensées, pour les partager, pour les comprendre!

   Permanecimos allí durante una hora entera, contemplando la vasta llanura bajo el resplandor de la lava que cobraba a veces una sorprendente intensidad. Las ebulliciones interiores comunicaban rápidos estremecimientos a la corteza de la montaña. Profundos ruidos, netamente transmitidos por el medio líquido, se repercutían con una majestuosa amplitud.

   Nous restâmes à cette place pendant une heure entière, contemplant la vaste plaine sous l'éclat des laves qui prenaient parfois une intensité surprenante. Les bouillonnements intérieurs faisaient courir de rapides frissonnements sur l'écorce de la montagne. Des bruits profonds, nettement transmis par ce milieu liquide, se répercutaient avec une majestueuse ampleur.

   Por un instante, apareció la luna a través de la masa de las aguas y lanzó algunos pálidos rayos sobre el continente sumergido. No fue más que un breve resplandor, pero de un efecto maravilloso, indescriptible.

El capitán se incorporó, dirigió una última mirada a la inmensa llanura, y luego me hizo un gesto con la mano invitándome a seguirle.

   En ce moment, la lune apparut un instant à travers la masse des eaux et jeta quelques pâles rayons sur le continent englouti. Ce ne fut qu'une lueur, mais d'un indescriptible effet. Le capitaine se leva, jeta un dernier regard à cette immense plaine; puis de la main il me fit signe de le suivre.

   Descendimos rápidamente la montaña. Una vez pasado el bosque mineral, vi el fanal del Nautilus que brillaba como una estrella. El capitán se dirigió en línea recta hacia él, y cuando las primeras luces del alba blanqueaban la superficie del océano nos hallábamos ya de regreso a bordo.

   Nous descendîmes rapidement la montagne. La forêt minérale une fois dépassée, j'aperçus le fanal du Nautilus qui brillait comme une étoile. Le capitaine marcha droit à lui, et nous étions rentrés à bord au moment où les premières teintes de l'aube blanchissaient la surface de l'Océan.